Fiche d’information patient : hélicobacter pylori

 

 

  • Helicobacter pylori est une bactérie qui se développe dans l’estomac, un milieu particulièrement  acide !
  • Cette bactérie est responsable d’une infection chronique de l’estomac, touchant la moitié de la population mondiale : une découverte qui vaut bien un prix Nobel !
  • L’infection à Helicobacter pylori est l’infection bactérienne chronique la plus répandue. Elle s’acquiert généralement pendant l’enfance, mais persiste toute la vie tant qu’il n’y a pas d’éradication
  • L’infection est généralement silencieuse, mais en revanche fréquemment impliquée dans des maux chroniques gastriques comme l’ulcère.
  • Helicobacter pylori peut être responsable d’un cancer gastrique, qui fait presque autant de morts chaque année en France que les accidents de la route. C’est la première bactérie à être impliquée dans le développement d’un cancer.
  • Il existe un traitement simple et court, efficace dans 90% des cas qui permet de se débarrasser de l’infection en moins de deux semaines.

  • Comment s’infecte-t-on ?Helicobacter pylori est l’espèce inféodée à l’homme et ne vit que dans l’estomac humain. La transmission est interhumaine. Certains animaux ont été incriminés, mais leur rôle n’a jamais été confirmé. Les animaux ont d’ailleurs leur propre flore d’Helicobacter qui colonise leur tube digestif.L’infection a lieu dans l’enfance. Théoriquement, l’homme peut être contaminant par deux moyens : la voie orale ou par ses selles. La transmission de la bactérie se fait essentiellement par une transmission directe de personne à personne oro-orale  et surtout gastro-orale. C’est à dire que la contamination se fait par un contact direct avec la salive infectée par des régurgitations ou lors des vomissements. La transmission par les selles, suite à un contact par l’intermédiaire des mains ou encore à cause de l’eau et d’aliments contaminés, est plus rare et se rencontre plutôt dans les pays en voie de développement où l’hygiène est déficiente. 

    Le mode de transmission implique la proximité, c’est pourquoi Helicobacter pylori se transmet le plus souvent au sein d’une même famille, en particulier dans le sens parent-enfant ou entre enfants car ces derniers sont plus sensibles.

    Une fois la bactérie parvenue dans l’estomac, elle continue de proliférer tout au long de la vie tant qu’elle n’est pas éradiquée par un traitement adéquat.

    Parmi les facteurs favorisant la transmission de l’infection, on retrouve la vie en collectivité, le partage des couverts, ou l’habitude de mastiquer les aliments donnés aux nourrissons.

    Les facteurs liés aux mauvaises conditions socio-économiques et à l’hygiène sont également déterminants : absence de WC dans le logement, absence d’eau courante, mauvaise hygiène des mains après avoir été aux toilettes…

    Quelles sont les maladies associées à H.  pylori ?

    Les douleurs de l’estomac peuvent avoir de nombreuses causes. 
    En cas de survenue brutale de douleurs accompagnées de vomissements et de diarrhée, l’intoxication alimentaire ou la gastroentérite sont évoquées et la responsabilité d’un virus ou d’une bactérie est  suspectée dans ce contexte.
    Mais si les douleurs sont chroniques, il existe peut-être des lésions de l’estomac imputables aussi à une bactérie : Helicobacter pylori.

    • Une inflammation chronique de l’estomac 

    La bactérie provoque chez la personne infectée une gastrite chronique qui persiste toute la vie si l’infection n’est pas traitée. Le plus souvent, elle est d’évolution silencieuse sans manifestations ou symptômes particuliers.

    • Une révolution dans la prise en charge des ulcères de l’estomac et du duodénum

    La responsabilité dHelicobacter pylori est à présent bien établie dans la genèse et l’entretien d’ulcères. Au niveau de l’estomac, Helicobacter pylori est responsable de 7 ulcères sur 10. Le duodénum est la partie de l’intestin qui suit immédiatement l’estomac, 9 ulcères duodénaux sur 10 sont liés à Helicobacter pylori. Depuis cette découverte, le traitement de l’infection en éradiquant la bactérie, permet non seulement de soigner l’ulcère mais aussi d’éviter les rechutes fréquentes .
    Des précautions peuvent être à prendre avec certains médicaments. En effet, en cas d’infection par Helicobacter pylori, la prise de certains médicaments comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens ou l’aspirine pourrait augmenter les risques d’ulcère ou de saignement .

    • Helicobacter pylori, responsable de cancer de l’estomac

    Dès 1994, l’Agence Internationale de Recherche sur le Cancer a classé Helicobacter pylori comme carcinogène de classe I, c’est à dire entraînant un risque de cancer certain chez l’homme. A présent, on estime que la bactérie est  responsable de 60 à 90 % des cas de cancers gastriques Par ce biais, Helicobacter pylori pourrait faire plus de morts par an que les accidents de la route, car le cancer gastrique est particulièrement meurtrier.

    Cependant tous les sujets infectés ne feront pas de cancer gastrique, loin de là, 1 à 3% des sujets infectés pourraient développer un cancer gastrique. Plusieurs années sont nécessaires pour parvenir à ce stade ultime, parfois même plus de 30 ans. Se débarrasser de l’infection évite cette évolution surtout si cela est fait précocement avant l’apparition de lésions 

    Comme il existe des prédispositions familiales au cancer gastrique il est vivement recommandé aux enfants, frères et sœurs de personnes ayant eu un cancer de l’estomac, de faire la recherche de l’infection à Helicobacter pylori et de la traiter si nécessaire.

    Outre les prédispositions familiales, un certain nombre de facteurs favorisent l’évolution vers un cancer, en particulier :

    – le tabac,
    – la surconsommation de sel, ainsi qu’une alimentation riche en saumures (viande ou poisson fumés en particulier), en viande rouge…
    – certains facteurs environnementaux (exposition aux nitrates et nitrites),
    – certaines souches plus virulentes de Helicobacter pylori .

    • Helicobacter pylori responsable d’autres pathologies?

    De nombreuses études en cours cherchent des liens potentiels entre Helicobacter pylori et d’autres affections, comme la dyspepsie ou même des pathologies autres que digestives. Pour l’instant, certaines personnes peuvent ressentir un bénéfice sur leurs symptômes en se débarrassant de l’infection alors que d’autres n’en auront aucun. Migraines, maladie de Parkinson, pathologies cardiovasculaires ou certaines pathologies immunitaires ont pu ainsi être reliées à l’infection à Helicobacter pylori sans que pour l’instant ces hypothèses ne soient confirmées.

    Comment savoir si je suis infecté ?

    Des douleurs répétées au niveau de l’estomac sont des signes à prendre au sérieux, il est toujours utile d’en parler à son médecin, en particulier si des antécédents familiaux laissent supposer une tendance particulière aux ulcères et/ou aux cancers gastriques.

    Il existe plusieurs méthodes de diagnostic de l’infection.

    Une fibroscopie de l’estomac peut être réalisée en fonction des symptômes et du contexte et surtout si le médecin la juge utile. Elle permet une visualisation directe de l’intérieur de l’estomac et du duodénum mais aussi la recherche de Helicobacter pylori par un test court et par une analyse au laboratoire du petit fragment prélevé dans la paroi de l’estomac. Durant les 6 heures précédant l’examen, il faut être à jeun (sans boire, ni manger) sauf avis contraire du médecin. Il est aussi nécessaire de ne pas fumer.

     Helicobacter pylori peut être détecté facilement, en raison d’une enzyme qu’il produit et qui est spécifique : l’uréase. Un test diagnostique rapide peut ainsi être réalisé parallèlement à la fibroscopie sur le prélèvement réalisé : le test à l’uréase.

    Quand une fibroscopie n’est pas nécessaire, il existe également des moyens dits non-invasifs pour rechercher la bactérie. 

    On peut ainsi rechercher des antigènes de Helicobacter pylori dans les selles, rechercher des anticorps développés contre la bactérie par l’organisme en effectuant une sérologie réalisée à partir d’une prise de sang ou réaliser un test respiratoire. Ce dernier se fait aisément au laboratoire d’analyses médicales : après avoir ingéré un liquide «révélateur » (urée diluée dans un verre d’eau), il suffit de souffler dans un tube, l’analyse de l’air expiré permettant de détecter indirectement la présence de Helicobacter pylori. Pour cet examen, il ne faut pas avoir pris de traitement antibiotique depuis au moins 4 semaines et avoir arrêté tout traitement contre l’acidité gastrique depuis au moins 2 semaines ; de plus, il faut être à jeun : c’est-à-dire ne pas avoir bu ou mangé ou fumé depuis la veille au soir.

    Comment puis-je me soigner ?

    Si la bactérie est détectée dans l’estomac, elle peut être éradiquée grâce à un traitement court (1 à 2 semaines), simple et efficace dans 90 % des cas.

    Helicobacter pylori est une bactérie, il faut donc la traiter avec une association d’antibiotiques, accompagnée d’un médicament pour lutter contre l’acidité gastrique pendant toute la durée du traitement.

    On effectue par la suite un test de contrôle pour vérifier que la bactérie a bien disparu de l’estomac. La méthode de référence pour effectuer ce contrôle est le test respiratoire, si la fibroscopie n’est pas nécessaire. La sérologie ne peut être utilisée dans ce cas, car les anticorps qui sont le témoin de l’infection peuvent persister plusieurs semaines.

    Ce contrôle est nécessaire car la bactérie peut ne pas être éliminée dès le premier traitement. Ceci peut être dû à une résistance de celle-ci aux antibiotiques utilisés mais parfois à un traitement mal ou insuffisamment suivi. Il est donc important de respecter scrupuleusement le traitement instauré par le médecin.

    En cas d’échec, de nouvelles associations d’antibiotiques peuvent être préconisées.

    L’éradication de Helicobacter pylori stoppe l’évolution des lésions de l’estomac quel que soit l’âge du malade. Le bénéfice est donc réel même si on a été infecté depuis de nombreuses années. En ce qui concerne le cancer de l’estomac, il y a un bénéfice à traiter surtout si on traite précocement avant l’apparition des lésions.

    Une fois la bactérie éradiquée, la réinfection est rarissime. Le traitement peut donc être considéré comme définitif.