fiche d’information patient : GASTRITE

Le terme de gastrite est souvent utilisé à tort pour désigner des douleurs épigastriques, localisées à la région supérieure de l’abdomen. Or, la gastrite chronique est une inflammation de la muqueuse de l’estomac, le plus souvent asymptomatique.

La gastrite est une atteinte inflammatoire, aiguë ou chronique, de la muqueuse de l’estomac.

Les gastrites aiguës sont principalement dues à l’infection par Helicobacter pylori et font suite à la contamination orale par le germe. Elles évoluent habituellement vers la chronicité en l’absence d’élimination (éradication) de la bactérie.

Dans la gastrite chronique, la muqueuse peut s’atrophier, c’est-à-dire que dans certains cas, les cellules glandulaires synthétisant le suc gastrique se raréfient puis disparaissent, aboutissant à une gastrite chronique dite atrophique. Il existe d’autres types de gastrite chronique, comme les gastrites à éosinophiles, les gastrites lymphocytaires, les gastrites collagènes ou les gastrites granulomateuses, mais elles sont exceptionnelles.

 

Coupes histologiques
Image : © Dr Geneviève Belleannée, Pr Antoine de Mascarel (CHU de Bordeaux)

 

Une gastrite est totalement asymptomatique dans la plupart des cas. La confusion est courante dans l’esprit du grand public avec le reflux gastro-œsophagien, des douleurs d’ulcère gastrique ou de dyspepsie (symptômes douloureux ou d’inconfort épigastrique).

La définition de la gastrite est essentiellement histologique, l’exploration endoscopique révélant des lésions inflammatoires plus ou moins étendues sur les parois de l’estomac.

L’inflammation sévère de la muqueuse gastrique peut perturber l’absorption de certains nutriments, d’où un risque de carence en vitamine B12 et en fer (anémie

Quelles sont les causes ?

Helicobacter pylori et maladies auto-immunes

Les causes de gastrites sont principalement l’infection par Helicobacter pylori et plus rarement les maladies auto-immunes. Si l’infection par cette bactérie est un problème de santé publique c’est parce qu’Helicobacter pylori est hébergé par une partie non négligeable de la population : 10 à 20 % avant 30 ans et 50 % après 50-60 ans. Contrairement à la situation en France, l’infection par Helicobacter pylori reste extrêmement prévalente dans les pays en voie de développement où près de 70 à 80 % des populations sont porteuses de la bactérie. En conséquence, toutes ces personnes développent une gastrite. Heureusement, dans la plupart des cas, l’infection ne provoque aucun symptôme. Néanmoins, 10 % des personnes infectées auront un ulcère de l’estomac ou du duodénum voire, dans 1 % des cas, un cancer gastrique. En effet, dans certains cas, la gastrite chronique entraîne une atrophie de la muqueuse puis une métaplasie intestinale, une dysplasie et finalement un cancer gastrique.

Bien plus rares que les gastrites chroniques à Helicobacter pylori, des gastrites auto-immunes existent, comme la maladie de Biermer. Le patient développe des anticorps dirigés contre ses propres cellules de l’estomac. Il en résulte une gastrite atrophique, souvent sévère, responsable d’une malabsorption de la vitamine B12 dont la carence est responsable d’une anémie et de troubles neurologiques. Il existe également un risque d’évolution vers un cancer gastrique comme dans les gastrites liées à l’infection à Helicobacter pylori.

Qui présente un risque ?

Helicobacter pylori, une contamination le plus souvent dans l’enfance

Les personnes infectées par Helicobacter pylori sont à haut risque de gastrite. Cette bactérie très répandue qui se développe insidieusement dans la muqueuse de l’estomac.

La contamination se produit le plus souvent dans l’enfance, par l’intermédiaire de vomissements ou de régurgitations. Sont donc particulièrement à risque les enfants vivant des conditions d’hygiène précaires et de promiscuité.

Parmi les autres catégories de personnes à risque, celles ayant un terrain de maladies immunitaires, souvent des femmes au-delà de 40-50 ans cumulant d’autres maladies auto-immunes (thyroïdites, diabète de type 1).

Les examens

La fibroscopie avec biopsies fait référence

L’examen endoscopique (fibroscopie ou endoscopie œso-gastro-duodénale) consiste à introduire par la bouche un tube souple équipé d’une micro-caméra permettant d’examiner plusieurs zones de l’estomac (antrefundus). Il évalue le degré et l’étendue de la gastrite, permet de réaliser des prélèvements ciblés (biopsies de la muqueuse) dans le but de mettre en évidence la présence du germe (Helicobacter pylori) et de vérifier le caractère inflammatoire de la muqueuse.

Eradication de Helicobacter pylori et surveillance endoscopique

Helicobacter pylori doit être éradiqué chez toute personne présentant un ulcère gastro-duodénal ou un antécédent familial de cancer de l’estomac.

En cas de gastrite à Helicobacter pylori, la prise de médicaments inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) pendant au moins six mois pourrait accélérer l’évolution vers un stade plus sévère de l’atrophie de la muqueuse. En conséquence, même si les études le démontrant formellement sont inexistantes, la recommandation d’éradiquer Helicobacter pylori dans cette situation est maintenue.

A cette intention, le traitement par antibiotiques est rapide et efficace dans 90% des cas (contre-indiqué chez la femme enceinte). Du fait de la progression de la résistance de cette bactérie aux antibiotiques – à la clarithromycine notamment – les protocoles de traitements ont été révisés en 2017. L’idéal est de tester la sensibilité de la bactérie vis-à-vis des antibiotiques et ainsi permettre un traitement « ciblé » de dix jours reposant sur un IPP et deux antibiotiques. Mais la technique n’étant pas encore disponible partout en France, un traitement « à l’aveugle » est pour cette raison généralement proposé, plus long (14 jours) et comportant un antibiotique supplémentaire.

Une simple gastrite, sans aucun signe de sévérité, n’est pas à surveiller. En revanche, les consignes sont strictes en cas de gastrites sévères avec métaplasie intestinale. Une série de biopsies est préconisée tous les 3 à 5 ans, effectuées au niveau des zones atrophiques ou du siège de la métaplasie intestinale.

Quant à la gastrite auto-immune, aucun traitement n’est disponible. L’atrophie sévère, le risque de cancer et de tumeurs carcinoïdes – le plus souvent bénignes – imposent une surveillance étroite, au rythme d’une endoscopie tous les 3 à 5 ans. La maladie nécessite l’administration à vie de vitamine B12 en injections.