CONDYLOMES
Les condylomes acuminés ou papillomes sont des excroissances de peau à crêtes dentelées. On les rencontre exclusivement sur les parties génitales et le pourtour de l’anus et même à l’intérieur du canal anal (sur 1 cm au maximum), voire dans la bouche, mais en principe pas sur la muqueuse rectale ou intestinale.
Les condylomes sont la première maladie sexuellement transmissible au monde. Ils sont provoqués par des papillomavirus humains, des virus très contagieux. En effet, le risque de contamination après un seul contact sexuel est de l’ordre de 60 à 70 %. Le nombre de personnes contaminées ne cesse de progresser.
Isolées ou en grappe, de la taille d’une tête d’épingle à plusieurs centimètres, de couleur rosée, grisâtre voire blanchâtre et parfois presqu’invisibles car très planes, discrètes et éparses… ces lésions nécessitent le regard expert d’un spécialiste.
Sur les parties génitales, les condylomes se développent principalement sur le prépuce et le gland chez l’homme, sur la vulve et le col de l’utérus chez la femme, plus rarement dans le vagin et de façon exceptionnelle à l’intérieur de l’urètre (canal urinaire). Même si des condylomes semblent cantonnés à la région anale, non soignés, ils peuvent proliférer dans la région génitale.
Par ailleurs, certaines personnes présentent des formes asymptomatiques.
Condylomes de la marge anale
Images : © Dr Vincent de Parades (Institut Léopold Bellan – Groupe hospitalier Saint-Joseph – Paris)
Quelles sont les causes ?
Une infection virale
Les condylomes sont dus à l’infection de la peau par une famille de virus, les papillomavirus humain (HPV, pour Human Papilloma Virus). Il existe plus de 110 génotypes de HPV humains ; les 16, 18, 45 et 56 étant à haut risque de cancérisation (oncogène). La contamination se fait par contact direct des lésions contenant le virus, lors d’un rapport sexuel, où les parties génitales et anales se retrouvent en contact. De simples caresses sont également contaminatrices. Des microlésions cutanées favorisent probablement la contamination. A savoir, les condylomes sont d’autant plus contagieux qu’ils sont visibles.
Le laps de temps entre la contamination par contact avec une personne présentant des lésions et l’apparition des condylomes chez le partenaire est de deux à six mois voire plusieurs années, sans que l’on sache exactement pourquoi.
Le virus peut également rester latent longtemps dans l’organisme suite à une contamination passée, et se réactiver soudainement, à l’occasion de la survenue d’un exéma, d’une baisse des défenses immunitaires de l’hôte (SIDA, traitement médical). Le tabagisme est un facteur de risque de récidive.
Qui présente un risque ?
Immunodépression et partenaires multiples
Toute personne en période d’activité sexuelle peut être infectée par le papillomavirus humain. Néanmoins, des populations particulièrement à risque ont été identifiées comme celles infectées par le VIH, celles qui multiplient les partenaires, a fortiori si elles sont adeptes des rapports anaux.
Les condylomes sont plus fréquents chez personnes ayant le SIDA car leurs capacités de défense immunitaire sont amoindries. Elles sont aussi exposées à un taux de récidive des condylomes anaux et génitaux plus important que la population générale. Enfin, il y a un risque supérieur chez eux de cancer anal (carcinome épidermoïde de l’anus en majorité).
Les examens
Le partenaire sexuel doit être examiné lui-aussi
L’examen visuel par le spécialiste (proctologue, dermatologue, gynécologue, etc.) à l’œil nu ou à la loupe permet de repérer les condylomes sur les parties génitales et anales.
L’anuscopie au moyen d’un anuscope, sorte de spéculum que l’on insère dans l’anus, est nécessaire pour repérer la présence de condylomes dans le canal anal. Un examen complémentaire permettant d’observer l’intérieur de l’urètre (urétroscopie) est justifié lorsque les condylomes se trouvent à proximité du méat urétral chez l’homme.
Les partenaires sexuels d’un individu présentant des condylomes doivent eux-aussi être examinés, à la recherche de lésions. Il s’agit d’un simple examen visuel chez l’homme.
En revanche, les femmes doivent passer un examen gynécologique complet (périnée, vulve, vagin, col) assorti d’un frottis cervico-utérin. Si les condylomes sont des lésions bénignes, la coexistence de lésions précancéreuses ou cancéreuses du col de l’utérus est possible du fait de la présence du papillomavirus. Certains génotypes de papillomavirus sont en effet associés (HPV 16 ou 18) au cancer du col de l’utérus, mais aussi de la vulve, de l’anus et plus rarement du pénis.
Les traitements
Un traitement indispensable mais qui n’évite pas la récidive
Une éradication du virus HPV responsable des condylomes est illusoire. L’objectif du traitement est de faire disparaître les lésions visibles.
Lorsque les condylomes sont suffisamment localisés, un traitement immunomodulateur (qui stimule l’immunité) par imiquimod est celui qui limite le plus les récidives du fait d’une action efficace chez un patient sur deux environ. Sous forme de crème dosée à 5 %, il est appliqué sur les lésions trois fois par semaine, le soir au coucher pendant 4 à 16 semaines.
Les traitements chimiques, en application locale et répétée, permettent également une destruction des lésions. Lorsque les condylomes sont de petite taille et en nombre limité, le patient peut appliquer lui-même de la podophyllotoxine, matin et soir, 3 jours consécutifs par semaine, pendant 4 semaines. Suite à ces applications, la zone traitée est souvent irritée, douloureuse, érodée ou ulcérée.
Deux autres agents chimiques sont moins fréquemment prescrits : l’acide trichloracétique à 80 % et le 5-fluorouracile de préférence au niveau de la vulve chez la femme.
Lorsque les condylomes sont de petite taille, le traitement par le froid par application d’azote liquide peut être privilégié (1 séance de cryothérapie par semaine à 1 séance par mois), le plus souvent supporté grâce à un anesthésique local.
D’autres techniques existent comme le laser CO2 ou l’électrocoagulation, sous anesthésie locale ou générale.
Devant des condylomes isolés, l’exérèse chirurgicale des lésions peut être envisagée, mais en dernier recours.
Globalement, quel que soit le traitement choisi, la récidive est très fréquente, de l’ordre de 30 à 50 %.
Aucun traitement antiviral par voie générale n’existe actuellement.
Le traitement vise à faire disparaître ces lésions gênantes et extrêmement contagieuses. En outre, certains préconisent une surveillance régulière car certaines cellules peuvent dégénérer en cancer, en l’occurrence de l’anus, surtout si la personne est immunodéprimée.
La vaccination prophylactique anti-HPV a d’abord été proposé aux jeunes filles (avant le premier rapport sexuel). On la propose désormais également aux hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes jusqu’à 26 ans et ce dans les Centres gratuits, d’information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd). Dans les pays où la couverture vaccinale est élevée – ce qui n’est pas le cas de la France – les condylomes chez les jeunes filles vaccinées ont quasiment disparu. De plus, une couverture vaccinale de 100 % permettrait d’espérer une prévention d’environ 85 % des infections anogénitales à HPV.
Quant à l’intérêt préventif de la circoncision, il fait toujours l’objet de débats. Elle serait protectrice chez l’homme vis-à-vis des infections ano-génitales à HPV mais pas de la contamination ou de la présence de condylomes.